Quand la foudre frappe un voilier

11-02-2013 00:00:00

 

Nos ancêtres les Gaulois n'avaient qu'une peur : que le ciel ne leur tombe sur la tête.

Cette devise devrait faire partie du langage commun du marin.

Le ciel peut nous tomber dessus, à peu près n'importe où et n'importe quand, sous la forme d'une grande zébrure bleue appelée la foudre.

La théorie de la «surface de capture»

Le mât d'un voilier agit de façon particulièrement attractive sur la foudre.

La «surface de capture» en terme professionnel est toutefois (et en théorie) réduite à un cercle d'un diamètre qui équivaut à six fois la hauteur du mât. Si votre voilier est doté d'un espar de 20 mètres, la foudre sera déviée vers vous, si elle frappe dans un cercle d'un diamètre de 120 mètres.

Cela parait beaucoup et la malchance d'un coup au but sur l'immensité de l'océan reste parfaitement négligeable, me direz-vous. Peut-être, sauf quand c'est votre tour de subir l'improbable et même l'impossible.

La menace se renforce par «l'induction», mot barbare qui signifie que, si un éclair frappe largement hors de la «surface de capture», même à plusieurs centaines de mètres, votre électronique de bord a toutes les chances d'être bonne pour la ferraille.

Les dangers encourus par les équipiers

Les équipiers d'un voilier touché de plein fouet par la foudre sont en danger s'ils sont en contact direct avec un élément métallique. Toute pièce en métal est potentiellement dangereuse. Les ridoirs, cadènes ou haubans directement en contact avec le mât sont, eux des pièges mortels.

La précaution qui s'impose est de rentrer à l'intérieur dés que le gros cumulonimbus de plusieurs centaines de mètres de haut, qui obstrue votre horizon, est suffisamment près pour assombrir votre environnement.

Il est essentiel d'avoir, auparavant, sérieusement réduit la surface de voile pour faire face aux immanquables rafales de vents qui accompagnent ce phénomène. Il est également important de ne pas être obligé de le faire en catastrophe, sous la lumière de dizaines d'éclairs, tous potentiellement dangereux.

Les risques de dégradation du matériel

Si, avec un peu de précaution, la vie des passagers d'un voilier n'est pas vraiment en danger II en va tout autrement de votre installation électrique et de vos instruments électroniques.

Une coque métallique vous garantira l'intégrité de votre installation, par le phénomène de cage de Faraday.

Sur la large majorité des bateaux de série où le composite est à l'honneur, le problème reste entier. Il faut évacuer cette immense énergie vers la mer, avec le moins de dégâts possible.

La norme ISO 10134, qui doit être appliquée par tous les constructeurs, prévoit : «la protection foudre des engins flottants par l'adjonction d'un conducteur électrique (équivalent cuivre de 8 carrés) entre les pièces exposées à la foudre et la masse (la mer). Cette liaison passant par le plus court chemin, en évitant toute rupture de transmission de flux par des coudes ou angles trop fermés»

Est-ce suffisant ? (Je ne le crois vraiment pas.)

Les astuces pour se protéger

Il reste quelques solutions barbares comme la chaîne d'ancre entourée autour du pied de mât et qui négligemment traîne dans l'eau pour garantir la continuité électrique vers la masse.

Naviguer en permanence dans un tel équipage ?

Certains pourraient vous dire « oui » car la sécurité est à ce prix et qu’il est impensable de procéder à cette installation avec les éclairs qui vous craquent aux oreilles et le bateau secoué par les rafales de l'orage.

Je laisse cette option pour les plus pessimistes ou les plus téméraires.

La seule protection valable est la déconnection physique des instruments quand c'est possible.

Si votre tableau électrique est bien fait, il ne devrait pas y avoir trop de problèmes.

Le circuit électrique doit lui aussi être mis en protection en fermant les robinets des batteries.

L'abri d'un port, dans le cas de la foudre, n'est qu'illusoire, la multitude de mâts serait même plutôt un inconvénient et le réseau électrique du port où vous vous êtes connecté, un excellent véhicule pour la foudre d'origine terrestre. Les disjoncteurs ne sont qu'une sécurité bien limitée quand les 10 000  volts de l'éclair se sont emparés des câbles du ponton.

Conclusion bien pessimiste : On peut réduire les dégâts avec un peu d’anticipation, mais prier dame nature ou qui vous voulez reste peut-être le plus efficace, au fond, la foudre a épargné le plus grand nombre d’entre nous.

PG



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