Enquête sur un naufrage épisode 3

14-12-2012 00:00:00

(suite de "Enquête sur un naufrage épisode 2")

Je suppose que la fin du voyage a dû être un copié collé de la première partie. Les conditions étaient extrêmes. Le capitaine de la marina de Saïdia, Pascal Bosson, affirme que depuis 7 ans qu’il occupe ses fonctions il n’avait jamais vu un tel déchainement de la nature, certains témoins rapportent que les habitants avaient peur d’un « tsunami ».

La nuit du 12 au 13 le « Love Love » transmet à 22h18, en automatique, sa position (AIS origine: 1082).

  • Date      12 nov 2012 - 22:18
  • Vitesse 7 nds
  • Cap        190°
  • 35° 37' 0" N - 2° 14' 22" W

Il lui reste donc 32,2 miles nautiques pour atteindre Saïdia, cap 177,2°. A la vitesse de 7 Knds, ce qui correspond très bien à la vitesse du Belize au moteur, il devrait arriver un peu plus de 4 heures 30 plus tard, soit au plus fort de la nuit.

Après la première erreur du départ d’Alicante, qu’est ce qui peut pousser un marin pas vraiment novice à commettre une deuxième erreur que même les débutants (sauf en pleine panique) ne feraient jamais ;  s’approcher dans de telles conditions d’une côte qu’on ne connait pas et qui, de plus, est totalement au vent ? Le relevé météo donne un vent ENE de 40 à 50 Knds. La première loi de la marine dit bien que le danger, en bateau, c’est la côte.

Est-ce le « raz le bol » pour les équipiers peu expérimentés, d’être dans une lessiveuse alors qu’un abri est à proximité qui a créé une « mutinerie psychologique », en fait une telle pression, que le skipper a cédé et tenté le coup ? Les descriptions de son caractère fait passer cette hypothèse au deuxième rang.

Une chose est quasi certaine, le bélize est arrivé à Saïdia sans son gréement. S’il s’était retourné avec sont mât, les haubans seraient encore solidaires de la coque et celle-ci aurait été en partie détruite par les coups de boutoirs des restes du gréement la frappant comme un « bélier » improvisé à chaque vague.

On peut donc penser que le « Love Love » avait subit un démâtage en pleine mer, certainement les séquelles de la rupture de bôme. Les chapes d’étai sont des points fragiles sur les catamarans. Les dormants de ce type de bateau n’ont pas de pataras, la grand voile est pour beaucoup dans la tenue de l’ensemble même si les haubans en position arrière font le plus gros du travail. L’ensemble privé d’un de ses soutiens a été certainement secoué jusqu’à la rupture. Une fois le reste du gréement désolidarisé du bateau et abandonné à la mer par l’équipage, regagner le port, même dans des conditions dantesques, devient une option plus compréhensible. Par forte mer, couper les haubans, et débarrasser le pont de tous les restes qui peuvent perforer la coque est une opération des plus périlleuses. S’ils y sont parvenus sans que personnes n’ai eu à en « souffrir » ou ne soit passé par-dessus bord, la panique et la crise de nerf n’est tout de même pas très loin et on comprend la décision.
Si ce scénario est le bon, la rentrée dans la marina se fait impérativement, cette nuit là, par vent et vagues de travers (voir le plan du port). Compte tenu de la force de l’un et de l’autre, si les moteurs s’arrêtent, l’hélice prise dans un filet, point de salut possible, le bateau va sancir et éjecter ses passagers comme une catapulte. Nous n’avons pas eu de certitudes quant à la position de l’épave, si le catamaran a fini sa course folle à l’Est du port, il y a de grandes chances que l’histoire que l’on vient de vous raconté soit assez proche de l’abominable réalité.

Plan de la Marina de Saïdia

PH

à suivre...



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