Deux Praos sous le vent des îles Lofoten, 1° Partie.
Nous allons suivre les aventures de Thomas, Charlotte, Hugo, Yannick et Benjamin, cinq jeunes étudiants dans leurs découvertes d’un bateau de légende. Leur terrain de jeu sera les eaux de l’océan Arctique. Quand nous parlons d’un bateau de légende, nous ne sommes pas dans la légende « un bateau un homme » comme les semaines précédentes ou les « Pen Duick » et notre maître « Eric Tabarly », occupaient le cœur de l’article, mais avec une famille de bateau tellement atypique dans ses formes et son fonctionnement que beaucoup de marins, même parmi les plus aguerris, ont du mal à comprendre son mode de navigation.
Le Dimanche 7 août, nos jeunes passionnés de voile prenaient la route pour essayer deux voiliers qu’ils avaient fini de construire la veille au soir. Ces deux bateaux au nom peu commun de «Koumal» et «Sangha» sont des multicoques, eux aussi peu commun, des Praos Pacifiques. Mais avant de leurs laisser le clavier pour nous raconter leurs péripéties, intéressons nous d’un peu plus prés à ce bateau « exotique» venant de lointaines tribus tout aussi exotiques : « Le Prao ».
Le Prao est un multicoque polynésien composé de deux coques comme le catamaran, si ce n’est que cette fois chaque coques est différente et remplie une fonction bien déterminée. Les Praos de nos cinq jeunes sont de la sous catégorie « Prao Pacifique ». Il existe deux types de Prao, le « Pacifique » qui est pourvu d’un balancier qui, par son moment (poids x longueur), joue le rôle d’une quille horizontale et « l’Atlantique », qui remplace le balancier par un flotteur, un peu comme un demi-trimaran utilisant ce flotteur pour s’opposer à la poussée vélique.
Mais commençons par le commencement. Le prao est un multicoque qui a pour caractéristique principale d’être « amphidrome ». C’est le mot très savant pour dire qu’il n’a ni proue ni poupe. En fait pour remonter au vent son avant deviendra sont arrière et alternativement. Cet exercice curieux est rendu obligatoire par le fait que ce voilier ne vire pas de bord à proprement parlé. Il change de sens pour toujours garder son balancier au vent (le pacifique) ou garder toujours son flotteur sous le vent (l’atlantique).
Un dessin valant mieux que de longues explications...
Les Praos Pacifiques, s’ils ont d’indéniables avantages, d’abord pour les constructeurs amateurs, comme leur simplicité de carène ou la réduction de poids (donc de prix) par des structures de liaisons beaucoup plus légères (absences des fortes contraintes que les autres multicoques encaissent), mais aussi pour les navigateurs à la recherchent de performances qui apprécient la petite surface mouillée et l’absence de « coups de raquettes » (une seule coque à la vague), ont l’inconvénient majeur de la fragilité du gréement et de l’impossibilité d’une motorisation à poste fixe (changement permanent de sens de la marche).
Cette nécessaire mobilité du gréement a entrainé l’apparition de voiles atypique et pas toujours très efficaces. La difficulté de manœuvre que représentent un haubanage traditionnel pour l’inversion de sens de la marche fait que les espars de grandes tailles sont à bannir. C’est ainsi que dés les unités les plus petites, les mats multiples, sans haubans, sont la norme. Attention à la météo, le coup de vent, vicieusement bref et inattendu peut être fatal à votre mode de propulsion préféré.
L’aventure du Prao « Des jours meilleurs »
Un article en préparation sur les voiliers à travers les âges Vous en dira certainement plus sur ce curieux bateau (non motorisable) qui ne laisse personne indiffèrent.
Nous reprendrons les aventures du club des cinq dès demain.