Ariane à la Dominique
Ariane sait merveilleusement bien nous plonger dans ses voyages. Ses rencontres deviennent vite les nôtres et quand on a la chance de faire escale dans ses pas, on a l’impression d’être en terre connue. Après les Testigos, Aruba et Barbuda, je suis très heureux de vous laisser découvrir « la Dominique » dans les étraves de Tuamitoo et surtout à travers le superbe regard de notre guide et conteuse préférée.
Le canal de la Dominique peut parfois être tonique
« Lorsque Isabelle de Castille et Ferdinand d’Espagne demandèrent à Christophe Colomb de décrire la
Dominique, son geste fut plus éloquent que n’importe quel récit : il prit une feuille de papier, la froissa et la lança sur la table. Aujourd’hui encore il renouvellerait sans doute ce geste, tant la Dominique est restée à l’écart du développement touristique antillais.
Ses montagnes, ses ravins, ses gorges, ses lacs, ses cascades, ses plateaux, ses torrents, sa forêt tropicale y sont quasiment intacts de toute intervention humaine. Ici vivent les derniers représentants des indiens caraïbes, qui aidés par cette nature sauvage et protectrice pour eux, ont bien plus longtemps qu’ailleurs résisté aux colons français et anglais.
Nous découvrons pour la première fois la Dominique au terme d’une navigation tonique, très ventée, sous un ciel instable et chargé de nuages lourds, où les grains déversent régulièrement sur nous leurs cataractes d’eau : singulière impression d’arriver en vue de cette cathédrale de verdure –le mont Diablotin, point culminant des Antilles, est à 1400 m-, aux pentes abruptes, vert sombre, à la côte au vent (celle exposée aux alizés) battue et déchiquetée par la mer, aux « sommets » encapuchonnés nuages ! Un abord peu accueillant ; aussi quel bonheur, lorsque nous tournons
l’extrémité de l’île, de découvrir Porsmouth, logée au fond d’une grande baie protégée de la mer, où nous jetons l’ancre…Le comité d’accueil est là aussi : à plus de 1 mile des côtes, les « boat-boys » viennent à notre rencontre en affrontant les vagues pour proposer leurs services : nous amarrer à une bouée, nous emmener au bureau des douanes et de l’immigration, fournir des fruits, récupérer du linge à laver, emmener nos poubelles, visiter la rivière indienne, ou encore organiser une excursion dans les terres ….
Aucune agressivité dans leur attitude (ce qui est loin d’être le cas dans toutes les îles), et toujours la volonté de souhaiter la bienvenue, à l’image de ce que, partout ici, nous avons ressenti.. Nous appliquons cependant le « truc magique » de tous les navigateurs : connaître d’avance le nom de l’un d’entre eux –glané au cours d’un des nombreux apéritifs de « voileux »- et s’en recommander. C’est infaillible pour désamorcer les plus insistants ! Ici, nous nous réclamons de Martin Carrière (un nom français comme on en entend souvent sur cette île) avec qui nous ferons effectivement quelques affaires. Comment en effet ne pas faire travailler quelqu’un qui, en guise de préambule vous offre deux pamplemousses de son jardin, puis explique sans insistance aucune, ce qu’il peut vous proposer ? A ce propos, une courte digression pour dire notre admiration pour la plupart de ces boatboys (Cobra, Lawrence d’Arabie, Providence, Edison…), d’anciens pêcheurs qui ont appris « sur le tas » deux ou trois langues étrangères (la langue nationale est pourtant l’anglais) pour pouvoir mieux exercer leur métier, et qui se sont organisés en association afin que tous offrent des prestations de prix et de qualité équivalents. Ils surveillent même le mouillage de nuit, afin de donner aux bateaux de passage un vrai sentiment de sécurité (nous qui vous écrivons à l’heure qu’il est du Vénézuela, pouvons vous dire que c’est un sujet chaud !), et de couper court aux rumeurs d’insécurité qui ont circulé quelques années en arrière.
Coup de chance, c’est l’époque du carnaval ! On ne parle que de ça, et toutes les énergies se concentrent sur l’événement. La bourgade vit au rythme de la fête, entre temps morts du matin (il faut bien récupérer parfois), dernières mises au point des costumes ou de la sono, et agitation fiévreuse de la fin d’après-midi dans l’attente du défilé. C’est un tout petit carnaval, très bon enfant, débordant.de joie et de bonne humeur. A 4 ou 5 heures, l’excitation commence à gagner les rues, les habitants sortent et s’installent devant chez eux, les vendeurs ambulants proposent bières et autres soft drinks, les participants retardataires au défilés se pressent vers le point de départ, les enfants courent dans la rue, les têtes se penchent pour voir si là-bas, tout au fond, le défilé a démarré …Et c’est parti !Un unique char, transportant un mur de haut-parleurs, les chanteurs et les musiciens, et traînant en attelage le groupe électrogène, précède les 3 ou 4 groupes qui défilent, dont les costumes sont réalisés avec les maigres ressources locales, mais avec beaucoup d’imagination, d’application et de patience. Le défilé fera inlassablement le tour de la ville, pendant plusieurs heures, ses membres nous entraînant malicieusement dans la danse au passage. Un vrai moment de joie pour nous, que de pouvoir partager cette fête avec les Dominiquais, et de s’y sentir les bienvenus !
Notre seconde escale a lieu à Roseau, la capitale, au front de mer « carton pâte » : tous les jours, de gros paquebots font escale sur l’unique ponton, déversant pour la journée des centaines de touristes, qui se précipitent dans les boutiques de luxe duty-free, juste derrière lesquelles la ville, ses petites maisons traditionnelles, son marché, et son lot de pauvreté reprennent leurs droits. C’est néanmoins une manne pour des dizaines de guides qui se précipitent fiévreusement avec leurs minibus à l’arrivée des bateaux, dans l’espoir de vendre à quelques américains une excursion au cœur de la nature dominicaine, dans le « parc national du morne des trois pitons ». En fin d’après-midi, le bateau repart, les boutiques se ferment, le décor s’éteint, et le front de mer retombe dans sa torpeur, tandis que l’arrière ville continue à vivre à son rythme paisible.
C’est de Roseau que nous entreprenons avec « Seacat », un guide, la randonnée de 6 heures vers le « Boiling Lake (le lac bouillant), réputée la plus belle de l’île. Début de l’aventure : se rendre au point de départ dans le minibus de Seacat, sur des routes sinueuses, étroites et escarpées comme nulle part nous n’en avons vu. Seacat négocie sereinement les croisements avec d’autres véhicules, tandis que nous fermons les yeux, persuadés que ça ne passera pas. Et bien sur, nous sommes du côté du ravin ! Nous arrivons sans encombre et débute alors pour nous une journée magnifique.
La Dominique est une île volcanique, où les eaux chaudes et sulfurées se disputent aux eaux fraîches descendues de la montagne. Au cours de cette journée, nous avons bu l’eau des sources descendues de la montagne, nous avons passé une multitude de gués, dont certains au dessus d’eaux bouillantes et jaunes de soufre, nous avons décontracté nos
muscles dans des vasques d’eaux chaude enfouies dans la végétation tropicales, nous nous sommes ragaillardis dans un torrent et une cascade d’eau très fraîche au fond d’une gorge, nous avons profité de la tiédeur bienfaisante d’un autre cascade sortie de la terre …la seule eau que nous n’ayons pas eue : la pluie, ce qui constitue un fait rare et appréciable ici !
Une randonnée exceptionnellement
« sensitive », avec des odeurs de sous-bois, de fleurs, puis de soufre, avec chaleur étouffante du sous-bois suivie du pincement du vent frais au point culminant, avec des contrastes de couleurs entre les camaïeu de verts de la forêt tropicale et les jaunes et les gris de la terre et des rochers brûlés par les vapeurs sulfureuses où ne poussent que mousses et lichens, avec encore la dégustation d’œufs cuits dans le torrent d’eau brulante et du jus de fruit fais préparé pour nous par Seacat…
Et pour terminer ce portrait, un dernier détour par les fonds sous-marins de l’île, préservés comme l’est la nature terrestre, grâce à la politique de protection au travers de parcs nationaux que mène le gouvernement dominiquais. Nous y avons retrouvé petits cônes volcaniques, sources d’eau chaude sous-marine, richesse de la faune et enchantement des couleurs coralliennes.
Pas étonnant que la Dominique affiche l’un des meilleurs taux mondiaux de centenaires ! »
Ariane
Notre but, cette écharpe de vapeur sur le versant opposé, est encore lointain. Quelques montées et descentes très escarpées et boueuses et de nombreux gués nous attendent encore….nous ne savons pas à, ce moment là, que le plus dur reste à venir!
Eaux jaunes couvertes de soufre, eaux grises bouillantes, émanations sulfureuses…seule cette belle mousse verte et quelques rares plantes y prospèrent. Pour nous, l’odeur est forte, mais la tiédeur de la vapeur est appréciable à cette altitude.
Au passage, cure de jouvence pour la peau : Seacat s’improvise esthéticienne…
Le Boiling Lake, enfin! Il apparaît et disparaît au gré de la vapeur et des nuages…Il arrive assez fréquemment qu’il ne se dégage pas, et reste invisible au regard, à la grande frustration des randonneurs venus jusque là! Sa température au centre est légèrement inférieure à 100°, selon la mesure qu’en a fait une équipe de chercheurs, grâce à un filin tendu au dessus du lac, à partir duquel l’un d’entre eux est descendu étudier cet étrange phénomène. Seacat fut leur conseiller pour l’installation technique. Quelques années auparavant, le lac s’est entièrement vidé suite à un tremblement de terre….désolation chez les habitants pour qui cet endroit constitue un fleuron de leurs richesses naturelles. Et…,petit à petit à petit, grâce aux eaux pluviales semble-t-il, il s’est rempli de nouveau.
L’habitat moyen à Porstmouth….il y a aussi de belles villas sur les hauteurs.
Vendeur de tomates et vendeur de poisson occasionnels….