5 Moussaillons sur le pont !...
Par les enfants Drouin et leurs parents
À la naissance de son cinquième enfant (il y a quelques années), Laurent pense que le moment est venu de faire ce grand voyage en bateau dont il rêve depuis longtemps. Il embarque son petit monde et le chat à bord d’un Petit Prince 42’ en acier pour un périple de 3 ans qui, au départ de La Rochelle, les conduira au Portugal, aux Canaries, au Cap-Vert, aux Antilles, en Amérique Latine. La famille va vivre ainsi au rythme de ses découvertes, de ses rencontres et des cours du CNED.
(1) Les enfants : Marie (1985) - Arnaud (1987) - Sophie (1990) - Emilie (1993) - Antoine (1997)
Les enfants consignent leurs aventures dans un journal de bord. (Extraits dans l’article).
Le choix de vie
Imposer ce voyage à nos enfants nous a quelquefois amené des critiques, ce que nous comprenons fort bien.
Vivre et partir en bateau est un choix de vie et je le reconnais volontiers, cela n’est pas toujours facile. Nous l’avons fait librement et assumé sans bénéficier d’aides diverses.
Pour l’école, je maintiens que le CNED ne me paraît pas indispensable pour les petits (au primaire). Pour la lecture, le calcul et l’écriture, il suffit d’écouter ce que disent les profs pour s’apercevoir que tous les enfants ne maîtrisent pas bien ces bases à l’entrée du collège (et ils ne vivaient pas tous en bateau !)
Pour le niveau scolaire, chacun pense ce qu’il veut mais je ne crois pas que la vie en bateau change grand chose. Il n’y a pas plus de fainéants ou de génies qu’ailleurs. Il semblerait même que le fait d’avoir vu d’autres enfants moins favorisés au Cap-Vert ou en Amérique du Sud ait fait prendre conscience à nos enfants de la chance qu’ils avaient eu de naître en France.
Nous essayons de faire poursuivre des études à nos enfants, cela nous prend du temps et nous coûte cher, pour qu’ils puissent un peu choisir leur vie
Les parents : Laurent (1956) : Dentiste - Martine (1964) : son épouse (photo volées)
Le chat : Minette ou Poupoune
Extrait « Journal des enfants » (JdE)
Notre papa rêvait depuis très longtemps de faire un grand voyage en bateau. Il y a trois ans, nos parents ont décidé d’en acheter un pour partir. Ils ont ensuite commencé les préparatifs, ce qui n’était pas une mince affaire !... Mais le plus dur a été de convaincre nos grands-parents ! Nous, nous n’étions pas trop ravis de quitter nos copains, notre maison, nos habitudes mais on finira par s’habituer. Comme dit Arnaud : «pas de place, pas de chambre, pas de douche... on se fait à tout !...»
( 2) APSARA DEL SUR, (un petit prince acier de 13 mètres acheté 60000 euros.) au moment du départ
Le programme :
La Rochelle
PORTUGAL
ANTILLES
CANARIES
GUADELOUPE
MARTINIQUE
CAP VERT
Puerto de la Cruz
VENEZUELA
BOLIVIE
La Paz
Les anecdotes de Laurent :
•Dialogue entendu sur la BLU au Cap-Vert
Un bateau que nous ne connaissons pas nous cherche pour nous remettre une notice d’instrument.
* Je cherche un bateau avec 5 enfants...
- Je sais qu’il est à Dakar...
* Je ne connais pas le bateau, je sais seulement que l’aînée est une fille...
Non, l’aîné est un garçon !...
* Non, l’aînée est une fille, j’en suis sûr !
C’est forcément le même bateau !... Il ne peut pas y avoir 2 cons pour partir avec 5 enfants !...
•À la fête de l’école en juin 1998
Je croise un ami qui me demande si c’est bien vrai que nous partons avec nos 5 «schtroumfs». Quand je confirme, il me dit que ce n’est pas raisonnable et me demande ce que nous ferons s’il nous arrive un pépin de santé en voyage.
Nous apprenons en arrivant en Guadeloupe qu’il est mort d’une crise cardiaque à 50 ans, le soir de Noël, à côté de sa femme infirmière en cardio !... Alors la sécurité !...
•À notre arrivée de traversée en Guadeloupe
Les propriétaires d’un Supermaramu amarré près de nous comptaient les enfants, heureux d’aller faire un tour sur le ponton : un, deux, trois, quatre, cinq et ils ont répété plusieurs fois : «et en plus ils ont un chat... et en plus ils ont un chat !!....»
•Au Venezuela
Mouillés à côté d’un 60’ très chic avec un couple de retraités comme équipage, je dérouillais le pont, tandis que les enfants couraient un peu partout. Le skipper du 60’ m’a dit qu’il m’enviait. Je lui ai répondu qu’à 7 dans un 42’, avec des travaux en plus, ce n’était pas toujours évident. Il m’a simplement dit que, certes, son bateau était beaucoup plus confortable que le nôtre mais qu’il avait attendu bien trop longtemps pour partir. Et je crois qu’il avait raison !...
Nous sommes très heureux de pouvoir publier, en plusieurs épisodes, cette merveilleuse aventure vécue par la famille Drouin.
En cette période de départ pour les grandes migrations hauturières, ceux qui partent ; ceux qui ont déjà fait le voyage et ceux qui rêvent de partir seront heureux (je l’espère) de suivre le voyage de cet équipage, un peu hors du commun je le reconnais, qui les ont précéder dans ce moment inoubliable d’une vie.