L’épopée de la Voile 2° Partie : la JONQUE (histoire)

26-04-2014 00:00:00

Extrait de "l'épopée de la voile" livre à paraitre de Philippe Guillot ( 1 ° Partie )

Si dans notre civilisation tout a commencé réellement avec la « Caravelle » la toute puissance de l’occident en ce domaine reste une image qui nous rassure mais qui n’a pas l’ombre d’un fondement historique. Le chapitre sur la voile polynésienne met à mal la notion de peuples primitifs que les colons européens ont essayés de propager sur les civilisations du pacifique.

Pour poursuivre dans l’analyse de notre infondé complexe de supériorité concernant nos valeureux marins et nos incroyables génies en architecture navale que véhicule notre curieuse écriture de l’histoire, nous allons faire un voyage temporel qui va nous faire remonter très longtemps avant l’apparition des caravelles et de leurs révolutionnaires voiles latines.

Nous sommes au troisième millénaire avant notre ère, une jonque sillonne la mer de Chine, elle ne connait pas le gouvernail central mais sait déjà remonter le vent.

Un premier bon dans le futur nous amène a la fin du quatrième siècle avant J.C. Les Jonques ont envahies les mers d’Asie Orientale. Le Zhuangzi, un texte écrit au IV° siècle av J.C. par le philosophe Zhuang Zhou raconte l’expédition d’une flotte de jonque de plusieurs années vers l’ouest.

Trois siècles plus tard le Ch'ien Han Tzu, un grand texte chinois sur le commerce des Han, rapporte les premiers échanges commerciaux avec les Romains et les chinois effectués par des jonques. Ces écrits sont corroborés par des archives romaines qui relatent que Rome, du temps de sa splendeur impériale, reçut une ambassade chinoise qui rejoignit le Nord de la « Mer Rouge » depuis les cotes de l’empire du milieu grâce à une flottille de jonques.

Nous avons la certitude qu’elles sont équipées, dés cette époque au moins, soit au 1° siècle avant J.C., d’un gouvernail d’étampot (central) de voiles lattés à changement de bord (amure glissante ou réversible) et d’ancres à jas. Il faudra attendre plus de 1500 ans avant de retrouver un bateau occidental équipé de la sorte.

Sous la dynastie des Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.) les jonques ont permis des liens politiques et commerciaux avec le royaume axoumite d'Ethiopie.

Les jonques japonaises (voiles non lattées) ont permis à l'impératrice Jingu d’envahir la Corée au 3ème siècle et d'y avoir été victorieuse après trois ans de guerre, ce qui implique une parfaite maitrise de la navigation pour assumer la logistique d’un tel conflit.

Enfin, la marine européenne faisait figure de naine par rapport à celle de l’empire du soleil levant au milieu jusqu’à la fin de la grande épopée de la colonisation des portugais, espagnols, flamants, français ou anglais.

Quelques exemples de cette démesure comparative

Les dynasties SUEI et T'ANG - du VI° aux X° siècles disposaient de marines de guerres équipées de jonques qui déplaçaient jusqu’à 1000 T. A l’avènement de la dynastie des SONG des écrits relatent qu’en 1170 plusieurs jours de manœuvres militaires à l’embouchure du « Yang-tsé », firent évoluer en ordre parfait 700 navires géants. Cent onze ans plus tard, en1281, KOUBILAÏ-KHAN appareillait à la tête d’une armada de 4 400 jonques géantes pour transporter plus d’un demi-million d’hommes dont 250 000 soldats à la conquête du Japon.

 

 

 

 

80 ans avant que notre célèbre Christophe Colomb ne découvre les Amériques à bord de la « Pinta », « la Santa Maria » et la « Niña» dont la plus grande atteignait tout juste trente mètres de long et regroupant à toutes les trois 90 marins pour parcourir un peu plus de 3 000 milles nautiques (distance incroyable pour l’époque) CHENG-HO parcourait 7 000 milles nautiques pour rejoindre Madagascar à la tête d’une flotte de 62 Jonques dont les plus grandes faisaient 130 mètres de long pour 28 mètres de large, avec 9 mâts dont le plus haut faisait 60 mètres , le navire déplaçant 15 000 T (le plus petit faisait seulement 70 mètres de long) ; Cette Armada transportait la bagatelle de 37 000 hommes. Au cour de sa vie de marin, le successeur CHEN-HO, ZHENG-HE, devint le plus grand marin de tout les temps en parcourant 160 000 milles nautiques.

  

Jonque chinoise en baie de Hong Kong (JC Michaud)

     

Les Jonques ont certainement été les premiers navires à vraiment maitriser la remonter au vent et comme les caravelles avec les caïques et les boutres, leurs descendantes, parcourent aujourd’hui encore les mers du globe.

Jonque de plaisance de construction récente. Plusieurs architectes proposent, aujourd'hui des plans ou des réalisations de jonques sur le modele de ces antiquites  navires.

Thomas Colvin, Bruce Roberts, versez n'en citer que deux.

D'autres gréent leurs bateaux,  toutes conceptions autres que chinoise avec une voile de jonque  comme James Wharram avec ses catamarans polynésiens de la série "Tiki"

 

 

La suite demain ...



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